Nom ◊ Dès ses dix ans il s’est paré du nom des MARTYN, un couple de bourgeois qui – s’ils avaient les moyens de production chers à Marx – n’avaient pas ceux de produire un rejeton. Pour un môme qui venait des taudis de Oidhche, le simple fait d’être dans une maison lui semblait exceptionnel et il lui fallut plusieurs mois avant de comprendre que ses nouveaux parents étaient riches. Insolemment riches. Du genre à se moucher dans de de la soie et à se torcher dans du satin. Ça faisait bizarre, mais comme tout le monde Vilhelm s’habitua rapidement aux privilèges d’une vie argentée. Prénoms ◊ Maman l’a appelé VILHELM et il a su, plus tard, que c’était le prénom de leur premier fils, mort à sept ans. « Quand je te parle, j’ai parfois l’impression qu’il m’entend aussi, un peu. » lui disait-elle, en caressant ses cheveux trop emmêlés. Il avait trouvé ça normal. De toute manière, il ne devait pas y avoir tant de nom que ça, de disponible, et maman avait eu neuf enfants, en tout. Dont trois morts. Une de ses soeurs avait elle aussi eu le droit à ce traitement, Eerika est morte ? Vive Eerika. Ça aide, le cerveau n’a pas besoin d’enregistrer trop de nouvelles informations. Famille d'origine ◊ Né SHAM, il n’est pas difficile de concevoir la facilité qu’a eu le petit Vilhelm, ses dix ans venus, à se défaire de ce nom trop synonyme de honte et de misère pour revêtir celui que ses parents adoptifs lui offraient. Les Sham, personne ne les connaît, ils n’ont rien fait, à part procréer des mômes sans réfléchir et les regarder se tuer à la tâche. Il n’y a eu que le père, Fredrik, pour se bouger le cul, en quatre-vingt dix-sept, un an après la naissance de son p’tit dernier. Pour essayer de se révolter et d’offrir quelque chose de décent à sa descendance. L’abruti n’a cependant réussi qu’à se faire tuer pour l’exemple, privant sa veuve et ses six orphelins d’un salaire. On retient que les Sham ne sont bons qu’à mourir le ventre creux ou plein de plomb. Age ◊ Quand on le voit s’arracher les poumons, quinte de toux après quinte de toux, on lui dit qu’il se fait vieux. Ces petits insolents. Tout juste 75 ANS et ils étaient tous prêts à l’enterrer, ces cochons. Surtout ses enfants, semblait-il. Lieu de Naissance ◊ Dans on-ne-savait quel quartier d’OIDHCHE. À l’époque, de toute manière, tout paraissait se ressembler, sous la lourde chape de fumée que produisait la ville. Statut ◊ MARIÉ à Esma Martyn, introduite par sa mère comme étant une «fille très bien» et par son père comme une «fille très riche». Il n’y eut personne pour dire qu’elle était «une fille très belle» mais il se voyait mal refuser simplement parce qu’il n’appréciait pas son sourire (ou son absence de sourire) et ses yeux bleus trop clairs qui le mettaient mal à l’aise. Esma, malgré ses défauts, eut toutefois la bonté de lui apporter de l’argent et trois enfants, dont un marié à la princesse héritère. Les disputes, insultes et autres gifles restèrent bien gentiment inconnus du grand public, à l’abri derrière les dizaines de murs de leur maison. Caste ◊ C’est ce qui l’a sauvé, d’être un REDCAP. Il ne savait même pas que ça existait, quand il avait pointé à la Cérémonie, en traînant des pieds, prêt à voir son sang devenir noir, comme presque toute sa famille (sauf Hillevi, une de ses soeurs, devenue Banshee). Le réveil de sa transe, toutefois, fut comme une renaissance. Son sang n’était pas sombre ; au contraire, il était puissant. Il fallut qu’on lui explique ce qu’il était, qu’on lui apprenne qu’il allait partir. Ce qui n’était, dans sa famille, que des légendes sur ces enfants chanceux qui allaient vivre la grande vie du côté de la Lumière, devint réalité. Et pour lui seul. Il avait bien craint, les premières années, de se réveiller les nuits de pleine lune et de se voir transformer. Qu’on vienne le chercher et le jeter dehors en lui hurlant qu’il n’était qu’un imposteur. Mais la lune entière n’apportait que des cauchemars et aucune transformation. Et le petit couteau qu’on lui avait confié à la Cérémonie faisait toujours couler un sang de plus en plus facile à manipuler. Allégeance ◊ On pourrait appeler ça la règle des trois « OI ». Aux TROIS, au ROI, à MOI. D’abord les Trois : pieu personnage, toujours prêt à s’agenouiller pour murmurer des prières envers ces divinités qui, selon lui et selon l’éducation que les Martyn lui ont apporté, l’ont sauvé de l’Enfer qu’est Oidhche, Vilhelm n’a jamais caché sa ferveur que certains taxaient de fanatisme dans sa jeunesse, quand il se laissait trop aller dans les débats théologiques. Vient ensuite, évidemment, le Roi. Moins important spirituellement, mais diablement nécessaire dans la vie matériel, il s’agit bien sûr de respecter la famille royale pour être certain de ne pas tomber au trente-sixième dessous du jour au lendemain. Que le respect soit feint ou réel n’avait pas d’importance, tant que ça rendait bien. Puis enfin, le moi. Est-il utile de disserter ? Quand on a grandi dans la boue, on n’a guère envie d’y retourner. Quand on s’habitue à l’argent, on n’a plus envie d’en manquer. Vilhelm est à lui tout seul une colonie de fourmis de La Fontaine, prêt à regarder les autres crever pourvu que rien ne lui arrive. Profession ◊ Mère avait une bijouterie, où elle vendait des bagues si chères que même les deux reins de chaque membre de sa famille biologiques n’auraient pas pu les payer (il fallait avouer que les reins des Sham ne devaient pas être en bon état). Il aurait pu reprendre la boîte à sa suite, mais préféra suivre les traces de Père. Qui était celui qui avait financé la bijouterie. Et c’est ainsi que le gosse des rues devint un BANQUIER. Pas le gratte-papier qui bafouille à l’accueil, non, celui avec un beau costume et qui a le plus gros bureau. C’est lui qu’on va voir si on veut emprunter de l’argent. C’est à lui qu’il faut sourire pour pouvoir financer tel ou tel projet. C’est lui, enfin, qui engage des types pas très recommendable quand on est en retard sur les paiements. Comme on dit parfois, il a la tête de l’emploi. Caractère ◊ Pieu • Rigoureux • Intimidant • Pragmatique • Matérialiste • Ambitieux • Strict • Opportuniste • Banquier (oui) • Catégorique • Moralisateur || N’accorde pas facilement de seconde chance -- Connaît la vertu du proverbe « Il ploit mais ne rompt pas » -- S’incline de fait face à qui de droit si l’apport et est à la mesure de l’effort fourni -- Peut se montrer violent mais, honteux de ces tendances qu’il juge trop basses pour lui, s’applique à se contrôler ou tout du moins à exploser en huis-clos.
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