La traque commence. À nouveau. L’homme sort de sa maison, suivit d’un garde et d’un serviteur. Comme à son habitude, il prend vers la droite et marche de longues minutes jusqu’à une taverne où il commence la journée par boire une pinte de bière. Et toi, comme toujours, tu t’arrêtes à l’ombre d’une ruelle. Capuchon recouvrant la majeure partie de ton visage, tu scrutes à travers une fenêtre le moindre de ses faits et gestes. Voilà maintenant une semaine que tu suis cet homme, dont tu commences à connaitre toutes ses habitudes. Si au début tu t’étais engagée à sa suite dans la taverne au cas où il aurait quelques conversations intéressantes avec d’autres clients, tu as néanmoins rapidement arrêté car cela ne t’était d’aucune utilité et risquait de faire craqueler ta couverture. Du coup, maintenant, tu l’attendais tranquillement dehors. Y’avait des bons côtés à filer quelqu’un. Comme l’adrénaline qui coule dans tes veines ou encore comme la curiosité piquée à vif en apprenant des secrets croustillants. Mais il y avait aussi ses inconvénients, et de tous, c’était l’attente le pire. Être là, observée, et ne rien faire. Attendre que le temps passe, que la cible finisse ce qu’elle avait à faire. Si au début ça pouvait être intéressant, il y avait toujours une certaine lassitude qui s’installait, et une impatience qu’enfin il se passe quelque chose. Qu’il y ait un peu d’action. C’est pour ça que les filatures ne duraient jamais longtemps. Tu restais le temps qu’il te fallait pour tout assimiler sur les habitudes de ta cibles, mais une fois que c’était fait et que tu t’ennuyais, et bien tu passais à l’action.
Le voilà qui finit sa pinte et qui se dirige vers la sortie. Enfin. Tu retiens un soupir de soulagement tandis que la traque reprend. Si tu pensais qu’il allait se diriger vers sa boutique de joaillerie, forcée de constater que tu t’es trompée. Il prend à gauche au lieu de prendre à droite. Ce choix te fait froncer les sourcils. C’est nouveau. Peu à peu vous vous enfoncez vers les ruelles sombres de Meanach. Jusqu’à déboucher devant l’opiumerie. La cible s’y engouffre, l’homme à l’entrée le laissant passer. Pourtant ce n’est pas un habitué. Est-ce qu’il y a un détail qui t’aurait échappé ? Tu pestes lorsque ce dernier sort de ton champ de vision. L’opiumerie, un des rares endroits où tu ne te risques pas d’entrer. Trop dangereux, même pour toi. Tu croises les bras au niveau de ta poitrine, te dissimulant à l’abri des regards. Tu restes là de longues minutes, pour ne pas dire heures, à attendre que ton homme refasse surface. Mais plus le temps passe, et plus tu perds patience. Avec un sifflement agacé, tu finis par lâcher l’affaire pour aujourd’hui. Y’a ton ventre qui crie famine et il est grand temps que tu ailles déjeuner.
Tu reprends donc la route vers des rues plus animées et plus commerçantes. Tu t’arrêtes pour acheter une miche de pain puis un peu de viande. T’es épuisée, alors tu mangeras tout ça dans ta chambre avant d’aller te coucher. Tandis que tu te fraies un chemin dans la foule, un visage te frappe parmi le flot d’inconnus. Tu les connais, ces yeux. Ils te sont familiers, bien qu’enfouis dans un passé lointain. Tu ne mets pas longtemps à mettre un nom sur ce visage. Eseld Hirluin. Que fait-elle ici ? Tu n’as pas le temps, ni l’opportunité, de poser la question. La demoiselle a continué son chemin, comme si de rien était. Tandis que tu te retournes pour l’apercevoir, tu heurtes un passant un peu trop pressé qui ne regardait pas devant lui. « Faites attention un peu et regardez devant vous ! » Tu pestes envers le badaud qui se confond en excuses et qui repart de plus belle. Ton attention, quant à elle, est toujours tournée vers Eseld, qui, comme si elle t’avait entendu, vient de s’arrêter et se retourner dans ta direction.
[FB] envolés les espoirs et nos cœurs défoncés ◈ (eseld)
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