La nuit, tous les chats sont noirs. La nuit, tous les hommes ont l'air d'être pareils. Même si c'est un mensonge, même si un sale Unseelie reste un sale Unseelie.
La nuit, les rues sont à elle. La nuit, l'obscurité est son alliée, sa
hantise, son âme-sœur-némésis. La nuit, Eretria devrait être postée dans le faste de l'opiumerie, à jouer la gardienne de loi, alors qu'elle n'en est qu'une briseuse sans fin.
La nuit est éphémères et, puissent les Trois être loués, laisse toujours place au jour.
La nuit, les monstres sont de sortie. La nuit, les crimes sont incessants. Le sang coule, et éclabousse, la nuit. Invisible, ou presque.
La nuit apporte toujours sont lot de surprises et d'emmerdes. Tout serait plus simple, si seulement elle pouvait dormir.
Eretria marche sans but, sans fin, dans les rues désertes. Elles ne le sont jamais vraiment, désertes, mais elles en ont l'air, pour les naïfs qui croient que le manteau de la nuit les protège des regards et de la violence.
Elle marche, se force à utiliser ses jambes pour sentir la brûlure familière des courbatures, des muscles qui se rebellent contre la tyrannie du corps poussé à ses limites. Il lui rappelle que l'agresseur qui à cru trouvé une victime facile regrettera d'avoir agi au matin, s'il se réveille. Ce fou, aux effluves d'alcool, qui voulait se perdre sous les jupe d'une donzelle, à goûté à la place l'impartialité de ses poings furieux.
Elle marche, Eretria, la tête levée vers les étoiles, tendue et sur ses gardes comme toujours, surtout dans ce quartier là. Elle voudrait hurler, Eretria, retourner sur ses pas et finir ce qu'elle a commencé. Visage en bouillie de la victime, sang giclant dans tous les sens. Les effluves métalliques lui collent à la peau, le sang est encore frais, canevas souillé qu'elle est. Ce n'était ni la première, ni la dernière nuit. Cet idiot avait ouvert le cadenas, laissé sortir le fauve avide de sang et de souffrance. Cette rage, qu'elle tenait d'une main de fer tremblante et couverte de sang. Les rennes glissaient bien trop aisément de sa poigne.
Elle inspire, tremblante, ou presque. Marcher, rentrer chez elle ou l'attendait l'eau glaciale qui faussement éteindrait les flammes et nettoierait le sang. Juste une illusion pour continuer comme si de rien n'était. Elle ne pouvait pas aller travailler dans cet état, barbare, sauvage, dérangée. Un seul mot de travers, et elle sauterait à la gorge de l'offensant. L'air frais de la nuit n'était pas suffisant pour que l'adrénaline soit déjà retombée.
Mais elle n'est pas seule, Eretria. Ses yeux retombent sur le terrestre, tombe sur la silhouette, qui devient corps, qui devient chair, qui devient...
« ...Alanna ? » Sa respiration se coupe, ses poings se serrent comme trop souvent, Eretria relâche son souffle seulement une fois qu'elle à étouffé l'explosion de pensées et d'émotions, une fois qu'elle s'assure que ce n'est pas un impur qui à prononcé le nom béni.
C'est pire. « ...La nuit est encore jeune. » Elle ne faisait que commencer, la nuit. Menace et constatation à la fois, qu'on ne la cherche pas, elle avait encore tout le temps du monde. Eretria fini par s'arrêter, à une distance certaine, respectueuse, du Seelie, du gamin d'antan aux yeux trop bleus, trop grands, qui mangeaient son visage et aspiraient Eretria bien trop aisément. Athos, perdu une fois, puis perdu encore avant d'être retrouvé. Athos, qui lui parlait pour la première fois sans qu'elle ne porte un masque. Elle perd ses mots, Eretria, hésite, son instinct serait de sourire, mais elle n'est pas Alanna, pas à ce moment là, elle ne sait pas comment se comporter quoi dire, quoi faire,
qui être. Il l'a prise de cours, Athos.
Les prunelles encore avides de violence se détournent du bleu, indignes de s'y perdre trop longtemps. Elle passe une main sur sa bouche, comme pour effacer les traces de ses crimes, n'obtient que d'étaler un peu plus le sang. Elle s'humecte les lèvres, y goutte, dégueulasse et délicieux à la fois, le sang de sa victime, de sa victoire.
« T'es pas mort, alors. » Pas encore. Elle n'était pas censée savoir ce qu'il était devenu, Athos, arrachée trop tôt à la Cour de Lumière, jamais mise à jour sur les Leonhart, ces "traîtres". Elle ne peut pas dire qu'il lui a manqué, Athos, ses yeux et son sourire, elle les a revus suffisamment au cours des années, des mois surtout. Elle sait sa perversion, elle sait ses pêchés, elle sait qu'il n'est pas à elle de juger.
Eretria est mal, détestant déjà cette maudite nuit, priant pour que la pluie vienne laver son visage et l'apparition du Seelie.
- Spoiler:
je mettrais un code plus tard